L’urgence d’une nouvelle culture autour du postpartum

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Diffuser la culture du Mois d’Or et changer le paradigme du postpartum est un enjeu de société. Ses conséquences positives sur la population sont nombreuses : en termes de bien-être, de qualité de vie, de vivre ensemble et pour le développement du bébé. Car un bébé qui va bien, ce sont d’abord des parents qui vont bien

Plusieurs tendances se dessinent : sur les réseaux sociaux, de nombreux parents réinventent aujourd’hui la façon dont ils abordent la grossesse, leur relation à l’enfant à naître et la période post-partum. Plus investis, plus proches, ils souhaitent savourer la vie avec bébé et s’inspirent largement de traditions (portage, le mois d’or…) venues d’ailleurs. Ces parents se confrontent parfois durement à la réalité quotidienne de la rue, aux remarques d’inconnus, aux discriminations dans les lieux publics vis-à-vis des femmes allaitantes. Bref, cette nouvelle parentalité se confronte à une mentalité rétrograde qui considère que les femmes sont à 90% coupables de leurs difficultés et que ce qui les constitue (le corps cyclique, le 4 trimestre du postpartum, la possibilité de nourrir un bébé…) doit être caché.

Pourtant, les faits sont têtus: 20% des femmes souffriraient d’une dépression postpartum durant les premiers mois après la naissance. Et d’après la sociologue Illana Weizman, autrice du livre “Ceci est notre postpartum”, de nombreuses dépressions passeraient entre les mailles des diagnostics. 

C’est d’abord outre Atlantique, au Canada et aux Etats-Unis, dans le milieu de l’accompagnement à la naissance, que des voix se sont élevés, appelant à revoir notre manière d’aborder la période prénatale.

En fait, il s’agit de reconsidérer cette période à la mesure de son importance.


L’arrivée du congé paternité, une première oasis dans le désert

En France, l’arrivée du congé paternité depuis un an est en train de changer la donne. Et même si on peut regretter que notre modèle ne ressemble pas aux modèles nordiques où chacun des parents, pendant un an, bénéficie d’un congé parentalité à se partager, nous partions tellement de loin avec nos maigres 11 jours, que cette possibilité de prendre 28 jours ne peut être considérée autrement que comme une avancée. Mais je rappelle tout de même que ces 28 jours sont une option et n’ont rien d’obligatoire, ce qui est regrettable.

Cela nous amène justement à la question de modifier la culture du postpartum. En prenant conscience des nombreuses incidences provoquées par les fragilités de notre système, peut-être que nous pourrons, à terme, envisager une réforme véritablement globale, holistique et inclusive. Car durant les premières années de vie d’un bébé, tout est lié. La fatigue des parents joue directement sur la relation à l’enfant, le comportement de l’enfant est directement influé par son environnement et ses parents… et ainsi de suite.

Je voudrais également vous parler de cette enquête allemande.

En juin 2020, lors de notre entrevue avec Adrien Taquet, le Secrétaire d’Etat à la Protection de l’Enfance, nous avons parlé d’une étude que j’avais trouvé lors de nos recherches avant l’écriture du livre. Une enquête que j’ai beaucoup hésité à insérer dans le Mois d’Or avant d’y renoncer. En effet, cette enquête fait le lien entre la notion de bonheur et celle de fertilité. Un groupe de chercheurs a donc mené en Allemagne une étude pour comprendre l’écart entre la volonté affichée des populations des pays développés d’avoir de nombreux enfants (avant que naisse leur premier) et la réalité : en Allemagne, le taux de natalité stagne à 1,5 par femme depuis quarante ans. Les chercheurs ont essayé de comprendre ce décalage. L’expérience de la parentalité est-elle si positive ? Pourquoi les parents ne s’empressent pas d’avoir un deuxième enfant ? Quel est le niveau de bien-être de parents ?

L’étude a mis à jour que la naissance était un bouleversement comparable à un licenciement et qu’il affectait bien le niveau de bien-être pendant la première année – oui, ce n’est pas très glamour mais nous vous devons la vérité. L’information la plus intéressante est celle-ci : ce sont parmi les couples qui désiraient un enfant et qui anticipaient sa naissance, que le niveau de bonheur a le plus augmenté.

« En d’autres termes, les personnes qui ont une transition plus difficile vers la parentalité, telle que mesurée par les changements dans la satisfaction globale à l’égard de la vie, sont moins susceptibles d’avoir un autre enfant ».

« Parental Well-being Surroundings First Birth as a Determinant of Further Parity Progression”, par Rachel Margolis et Mikko Myrskylä, Demography, août 2015.


Les chercheurs suggèrent la mise en place de politiques véritablement soutenantes durant le postpartum

Et quelles furent les recommandations des chercheurs ? Si les pays développés veulent avoir une chance de relever à la hausse leur démographie, ils suggèrent la mise en place de politique de soutien des familles. Et nous pensons que cela commence par les mentalités. En termes « Mois d’Or », cela signifie l’importance de choyer aussi bien les parents, en particulier les mères, de les valoriser, de faire preuve de bienveillance et de compréhension…. Et je dirais même de les honorer !

Il est donc urgent de :

1.Remplacer le jugement par le soutien désintéressé, 

2.Remplacer la critique par une présence réconfortante,

3. Que les conjoints s’impliquent,

4. Que les institutions mettent en place des campagnes de sensibilisation pour que la population change son regard sur les jeunes parents, sur l’allaitement en public et devienne soutenante

5. Dans la rue et dans les transports, d’en finir avec l’indifférence voire l’exaspération vis-à-vis des jeunes enfants en privilégiant des marques d’attention, en leur parlant et même en jouant avec eux ! (Vous allez voir l’effet détente sur les parents, c’est bluffant. Pendant 10 minutes, ils peuvent se sentir tranquilles sans crainte de déranger. Et dans une vie de parent, ça change tout). 

Pour que l’espace public soit davantage pensé pour les jeunes mères avec poussettes et les familles en général, comme le démontre très bien Lauren Bastide dans son livre « Présentes »

De proposer une écoute attentive et empathique aux parents, plutôt que des phrases du type « Tu l’as choisi », « Attention, parce que bientôt y en aura deux ! »

Bref de faire en sorte que les parents et les enfants soient une occasion pour chacun de se montrer sympathique ! Parce qu’un parent, ça bosse dur, très dur et qu’il n’a pas à recevoir jugement et mépris. Tout ce qu’il fait, il fait du mieux qu’il peut avec ses capacités et ses connaissances.

Ce nouveau type de rapports humain, c’est le futur de notre humanité. Il n’y a pas d’autres solutions. Alors commençons maintenant 😊

Céline

Si vous êtes professionnel.lle de la périnatalité, que vous sentez l’aspiration ardente de diffuser la culture du Mois d’Or, nous avons créé une formation au Mois d’Or pour les pros. Pour plus d’informations, rendez-vous ici